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LA VIGNE ROUGE, Vincent van Gogh (1853-1890) - 1888 - Huile sur toile, 75 x 93 cm - Musée des beaux-arts Pouchkine, Moscou

Jusqu’à sa disparition Vincent et son frère Théo entretinrent une correspondance. Un échange épistolaire riche de neuf-cents lettres. Par un jour d’automne ensoleillé, Vincent s’enfonce dans les méandres de la campagne arlésienne et immortalise ce moment en le contant à son frère.

Texte fictif

Regards sur l'œuvre

LA VIGNE ROUGE, Vincent van Gogh (1853-1890) - 1888 - Huile sur toile, 75 x 93 cm - Musée des beaux-arts Pouchkine, MoscouCliquez sur le bandeau pour voir l'oeuvre en entier

Cher Théo,

Depuis l’arrivée de Gauguin en Arles, mon rêve d’Atelier du Midi semble prendre vie. Hier soir nous échangeâmes encore virulemment sur l’avenir de l’art et nous fîmes des libations d’un vin de sable de Camargue.

En aparté
Implantés sur des sols sablonneux, les vins de Camargue échappèrent, pour la plupart, à la crise du phylloxera à la fin du XIXème siècle. Pour cause, le sable limitait fortement les déplacements de l’insecte et conduisait à son asphyxie.

À mon réveil, la journée s’annonçait chaude. Je décidai donc de m’éloigner de la ville pour me nourrir de nature. Au nord d’Arles, dominant la plaine de La Crau, il y a ces terres cultivées appartenant à l’Abbaye de Montmajour. L’endroit me plaît, je l’ai croqué de nombreuses fois au printemps.

En ce dimanche automnal, je fus happé par la couleur sanguine du vignoble. Je restai contemplatif.
Je me suis essayé à la peinture de mémoire comme Gauguin le proposait mais cela ne me convient pas. Dans le midi les sens s’exaltent, la main devient plus agile, l’oeil plus vif, le cerveau plus clair. Alors, demain j’y retournerai muni de ma toile et de mes pinceaux.

Semblable à un vin rouge vieillissant, j'appliquerai frénétiquement des aplats de bleu, grenat et violet au premier plan.
À maturité, des vendangeurs apparaîtront dans ce paysage de vignes. À toi mon frère je le répète, il y aura toujours des portraits dans mes paysages.
D’un jeune vin capiteux, nous cheminerons ainsi vers un vin vertueux à la robe vermillon et orangée. Les vignes, teintées de la sorte, contrasteront subtilement avec les paysans.

Puis, progressivement, les notes de couleur s’étireront pour plus d’harmonie et de rondeur atteignant leur apogée chromatique. Le regard fuira ensuite à l’horizon, suivant la Roubine du Roi pour s'évaporer en part des anges.

En route pour le déclin, j’opterai pour des pigments jaunes paille ou dorés que j'affectionne tant.

Prends soin de toi mon cher frère.

En lien avec l'œuvre

Biographie de Vincent Van-Gogh 
1853 à Groot-Zundert, Pays-Bas-1890 Auvers-sur-Oise, France.

Il est des vies marquées par la souffrance des échecs. Pour cet homme entier, qui se sentait souvent en décalage, accablé par l’incompréhension dont il a souvent fait l’objet, la peinture devint une évidence seulement en 1880. 

Puis en 1886, il rejoint son frère à Paris. Sa palette s'éclaircit, mais deux ans plus tard, Vincent est las de la vie parisienne. 

Il s’exilera dans le sud de la France où il sera subjugué par la luminosité. La maîtrise de la couleur, de la lumière, des portraits, la dignité du monde paysan, voici ce qui allait constituer l’essentiel de ses recherches. C’est aussi en Arles que Van Gogh produira des tableaux fortement influencés par le japonisme. 

L’artiste décèdera tragiquement en 1890.

Sources / En savoir plus

Lettres à son frère Théo, les cahiers rouges, Editions Grasset

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