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Le Var, terre de rosé

Aux prémices de l’histoire du rosé, la pâleur d’un vin rouge. Vinum clarum pour les Romains et dont les origines seraient bien plus anciennes. Un vin rouge foulé, dont la fermentation s’opère sans peau ni pulpe. Ce n’est qu’en 1373 qu’apparaît le terme “Vin rosé”, dans les écrits d’un moine dominicain Irlandais -Jofroi de Waterford- avant de tomber en désuétude pendant trois siècles.

Sous le règne fastueux de Louis XIV, le vignoble d’Argenteuil abreuve la cour en vin rouge de couleur pâle. Ainsi, la dénomination rosé renaît. Le Roi serait quant à lui, grand amateur du Rosé des Riceys. Un vin, issu de pinot noir et produit en Champagne. Puis, vint le temps des congés payés et la découverte des littoraux azuréens pour de nombreux français. Le vin rosé y est produit depuis 2500 ans. Ses vignerons pressentent, à juste titre, le besoin d’offrir à ces nouveaux consommateurs un vin rafraîchissant, évocateur de moments ensoleillés et conviviaux.

Près de 90 ans plus tard, le vin rosé est à son apogée en Provence notamment dans le département du Var. Premier producteur national avec 29 000 hectares de Surface Agricole Utilisée en vignes, ses acteurs ont opéré ces vingt dernières années un virage qualitatif payant comme en témoignent l’augmentation constante des ventes, certifications et distinctions.   

L’attaque…

En 2019, la filière vin générait 1 221 millions d’euros pour la région PACA soit 16% de la filière nationale. Le Var, département le plus rentable de PACA pour la filière viticole, produisait 464 millions d’euros au titre de la vente des vins d’appellation et 519 millions en incluant les vins sans appellation géographique. Les 2 390 exploitations varoises recensées en 2020, consacraient 90% de leur production au vin rosé soit 170 millions de bouteilles.

Conséquence du relief, d’héritages familiaux et d’une forte pression immobilière, la taille des exploitations dépasse rarement les 10 hectares. Seuls 22% affichent une surface agricole utilisée entre 10 et 50 hectares, quand elles ne sont plus que 7% à s’affranchir du seuil des 50 hectares.

Le milieu de bouche…

Côté encépagement, le dévouement à la culture du rosé façonne largement le vignoble varois. A ce jour, 20 000 hectares sont cultivés en Côtes de Provence. Il est donc naturel d’y trouver une large majorité de cinsault, grenache, mourvèdre, syrah et tibouren qui constituent les cépages principaux règlementaires. Aussi présents, mais en moindre quantité, carignan et cabernet-sauvignon . Leur classification en cépages accessoires limitant leur présence à 10% du vignoble.

En aparté
Les cépages Caladoc et Rousseli viendront compléter la liste des cépages accessoires stipulés dans le cahier des charges Côtes-de-Provence (Millésime 2022).

La diversité des cépages en Côtes-de-Provence et leur assemblage composé à minima de 50% en cépages principaux, apparaît comme une réponse aux nombreux méso-climats varois et est une garantie de la meilleure expression de ses vins.

A déguster dans un verre tulipe pour en apprécier toute la complexité aromatique, les vins rosés Côtes-de-Provence suggèrent des senteurs florales ou fruitées selon qu’ils soient issus d’un processus de macération pelliculaire ou de pressurage direct.  

En outre, le centre du rosé œuvre depuis plus de vingt ans à l’étude de vins qualitatifs et aux futures tendances en matière de consommation.  Parmi elles, le désir croissant des consommateurs pour des vins rosés à faible intensité chromatique et aux arômes de fruits exotiques et d’agrumes.

Le centre du rosé note par ailleurs un alignement des vins rosés mondiaux sur la typicité et la qualité des vins de Provence.

Le centre de recherche et d’expérimentation du vin rosé- Vidauban, Var. Structure associative financée par des fonds européens, nationaux et régionaux réunissant un collège d’experts oenologues, ingénieurs agronomes, et spécialistes de l’analyse sensorielle. Parmi les programmes actuellement portés: Pig(ment) Rosé, Cépages résistants, vins sans sulfites...

La finale…

Soucieux de faire valoir la singularité du terroir varois et leur savoir-faire, les vignerons ont multiplié l’adhésion aux labels de qualité et d’origine. A ce jour, le département recouvre 3 IGP - IGP Var, IGP des Maures et IGP du Mont-Caume -  ainsi que 3 AOP - Bandol, Côtes-de-Provence, Coteaux varois en Provence.

Macaron HVE (Haute Valeur Environnementale)S’interrogeant également sur les effets pernicieux de l’agriculture conventionnelle, nombreux sont les domaines engagés en agriculture biologique ou en transition. Depuis plusieurs années, l’association Agribiovar accompagne les exploitants dans cette démarche. De fait, les surfaces viticoles bio ont doublé depuis 2011, frôlant ainsi les 22 000 hectares.
Enfin, impulsée par le Grenelle de l’environnement, la certification “Haute Valeur Environnementale” a vu le jour en 2012. C’est ainsi que 202 exploitations supplémentaires ont été certifiées en 2020 au titre de leur gestion des ressources hydriques, de la diminution de l’utilisation de produits phytosanitaires et engrais, et de leurs efforts pour la préservation de la biodiversité.

Finalement, la certification ne fait qu’institutionnaliser la démarche dans laquelle se sont inscrites la plupart des exploitations varoises. En revanche, elle a le mérite de faire naître une dynamique d’initiatives internes à la structure et au-delà.

Fort de ses ambitions, le Var est devenu en deux décennies l’acteur incontournable sur le marché du vin rosé. Régulièrement gratifiés par de nombreuses distinctions et reconnus par les guides gastronomiques-  édition d’un guide spécial, L'instant rosé par Gault et Millau en 2021 -, les vins rosés varois continuent leur montée en gamme au moyen d’un perfectionnement toujours plus poussé des techniques et savoir-faire ainsi que d’une meilleure communication.   

Un accord met-vin - très perso, au risque de faire bondir les hérétiques - : une spécialité varoise, la cade, accompagnée d’un verre de rosé du Domaine la Jeannette ou du Château de l’Aumérade.

 

La parenthèse masquée : "La surprise de l'été"

Par Le Sommelier Masqué
Ceux qui me connaissent savent que je suis très loin d'être un amateur de vins rosés et qu'il en faut beaucoup pour que se déclenche un vrai coup de coeur : j'ai été trop souvent déçu par des rosés trop fades en Côtes-de-Provence, vendus à des tarifs obscènes sur des terrasses parisiennes bondées...

Cette année, pourtant, j'ai fait escale dans le Var où mes amis, amateurs de vins de Bandol, se sont lancés le défi de me faire changer d'avis. Et je dois avouer qu'ils ont réussi! J'ai découvert avec joie que certains vignerons sur cette belle appellation s'étaient lancés dans la vinification de véritables vins de gastronomie, ceux qui me racontent quelque chose et me donnent de l'émotion.

Ainsi, oui, je dois le confesser, j'ai eu un coup de cœur cette année pour le rosé du Clos du Cas. Vin rosé de Bandol vinifié et élevé intégralement en amphore, cette cuvée à dominante de Mourvèdre joue sur des notes épicées très élégantes avec, en bouche, du gras et du volume et une finale saline qui rappelle la mer à quelques encablures.

Comme quoi, il y aura toujours un vigneron pour vous faire mentir et c'est clairement pour ça qu'on continue à déguster. Merci à eux de toujours essayer de me faire mentir :)

Clos du Cas : https://closducasvindebandol.bigcartel.com/

Sitographie

Pour en savoir plus
www.centredurose.fr
www.maison-des-vins.fr
www.routedesvinsdeprovence.com

Sources
agreste.agriculture.gouv.fr

paca.chambres-agriculture.fr/la-chambre-dagriculture-du-var
www.syndicatdesvigneronsduvar.com
syndicat-cotesdeprovence.com
centredurose.fr
www.vinsdeprovence.com
www.rosedesriceys.fr
www.larvf.com
www.mondial-du-rose.com/fr
concours-general-agricole.fr

Guide l’Instant rosé, Gault et Millaut 2020

 

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