Stephan Balay, réalisateur du documentaire "Vitis Prohibitus", a accepté de répondre à quelques questions sur l'histoire de l'Isabelle, du Clinton, des quatre autres cépages maudits.
Des passionnés collectionneurs rapportèrent en France Isabelle, cépage américain, ignorant qu’il était porteur du puceron ravageur de la vigne, le phylloxéra. Ils ne se doutaient pas que les vignes américaines étaient immunisées contre ce puceron qui colonise les feuilles et les racines des ceps.
Au début de 1880 les trois quarts des vignobles français et européens sont anéantis. Certains vignerons ruinés partent en Algérie française pour cultiver de nouvelles terres.
Dans le même temps, pour combattre le phylloxéra il a été décidé de greffer des plants américains aux européens, donnant naissance à des hybrides. Cette production, plus celle rendue possible en France par l’apparition de nouveaux produits phytosanitaires et s’ajoutant aux vins d’Algérie, aboutissent à une surproduction.
Le gouvernement décide alors de réguler ce déferlement par une loi votée la veille de Noël 1934 à main levée dans un climat houleux. C’est un choix politique qui favorise les grands domaines de France et d’Algérie condamnant les petits viticulteurs utilisant simplement la chaux et la bouillie bordelaise. C’est le triomphe du lobby de la chimie donnant préférence aux cépages « sensibles » puisque les ceps américains se développent sans traitement… Le cépage Aramon offre un énorme rendement et il a besoin d’une grande quantité de traitements chimiques… il sera donc préféré et épargné.
Cloués au pilori, Isabelle, Noah, Clinton, Herbemont, Othello et Jacquez sont interdits et voués aux distilleries ou aux vinaigriers puisque les députés ont décrété, entre d’autres raisons contestables, qu’ils « rendent fou ou aveugle » !
Cette histoire m'a touché et captivé par son caractère inédit, par l'implication qu'ont les passionnés-résistants rassemblés autour de ce combat. Les cépages sont presque les héros de ce récit.
Avant de vous plonger dans leur histoire, je vous invite à regarder le teaser de Vitis-Prohibitus :
On connait, les cépages internationaux, les cépages autochtones, les cépages aromatiques… Mais quels sont les cépages interdits ?
C’est une longue et complexe histoire avec de multiples rebondissements. Le contexte des années 1930 est terrible pour la viticulture. Après avoir subi une fin de siècle désastreuse avec le ravage du vignoble français (et européen) par le phylloxéra, voilà que l’objectif de compenser les pertes et le manque de vin par tous les moyens, est largement dépassé. (par l’importation des vins d’Algérie où les viticulteurs ruinés étaient allés s’installer, par l’importation de raisins secs afin de les faire fermenter etc.) La production de vin est montée en flèche jusqu’à atteindre des quantités phénoménales en 1934 : 91 millions d’hectolitres à boire pour 36 millions de français. Il fallait atout prix assainir le marché du vin. La cible toute trouvée était constituée des familles qui faisaient leur propre vin et du coup n’en achetaient pas dans le commerce, comme c’était le cas avec les paysans prolétaires cévenols qui travaillaient dans les mines de charbon et cultivaient leurs treilles sur leur temps libre. Il ne faut pas oublier qu’à l’époque la France était encore largement agricole et que les petits paysans avaient tous un droit de plantation.
Cela représentait à peine 3 ou 4 % de la production française mais cela venait en concurrence directe avec les grands pinardiers qui eux devaient écouler des quantités colossales de vin sur le marché.
Le 24 décembre 1934 le gouvernement Français a donc créé une liste de cépages interdits, à commencer par un cépage très répandu, le Noah (Noé, le sauveur, on y reviendra) afin que tous les départements soient impactés par l’interdiction. Ont ensuite été désignés le Clinton, l’Isabelle, l’Herbemont, l’Othello et le Jacquez. La motivation était même parfois basée sur des prétextes futiles liés à des guéguerres politiques, des querelles de clocher entre différents membres du gouvernent.
L’interdiction concernait la commercialisation de ces vins et donc de leur utilisation dans les assemblages qui servaient à améliorer les cuvées, corriger des manques ou des défauts de cépages « classiques ». Les familles pouvaient toujours les cultiver mais dans les Cévennes, région pauvre, c’était aussi une source de revenus non négligeable. S’en est suivi une épopée incroyable où les plantations qui étaient censées avoir été arrachées en fait ne l’étaient pas, et où, pour inciter à leur abandon, le gouvernement n’a pas hésité à faire circuler des calomnies sur la supposée dangerosité de substances se développant lors de la fermentation du raisin : le méthanol, mais également sur le goût supposé particulièrement mauvais de ces vins. Et cela a fonctionné, ces vins ont encore aujourd’hui une très mauvaise réputation auprès du public mais aussi des professionnels.
Qu’est-ce qui vous a poussé à le réaliser ?
J’ai des origines cévenoles et depuis que je suis petit, lors de repas entre amis je vois mon père sortir fièrement une bouteille de Clinton dont lui seul connaît la provenance. Un brin provocateur il aime se faire passer pour un « hors-la-loi » en proposant à ses amis du vin interdit. J’avoue que pendant longtemps je n’ai pas trouvé ce vin à mon goût. Pourtant il paraît que j’en buvais quelques gorgées à l’âge de 5 ans lorsque nous étions en visite chez un ami cévenol, le curé de Génolhac (défroqué depuis !) et que celui-ci me donnait « un còp de roge » avant de m’envoyer au lit. Peut-être que cette légende n’est tout à fait pas exacte et avec le recul je me dis que ce Clinton artisanal ne devait pas être bien alcoolisé. C’était surtout une autre époque.
Il y a 2 ans, j’ai accompagné mon père chercher son vin et j’ai pu participer à une journée de découverte du conservatoire de Gilbert Bischeri à proximité d’Aujac, dans les Cévennes. Une dizaine de cépages y sont cultivés, la plupart sont centenaires et il en fait toujours du vin. J’ai compris ce jour-là l’importance et la particularité de ces cépages et des vins qui en sont issus. J’ai compris ce jour-là que si je n’aimais pas spécialement le goût du Clinton c’est parce que je ne le trouvais pas comme les autres vins « classiques » c’est à dire que j’attendais de ce vin qu’il soit dans la veine des costières de Nîmes ou des côtes du Rhône… Mon palais était tout simplement formaté. J’ai aussi compris ce jour-là l’intérêt de ces cépages particulièrement résistants, pour une viticulture en meilleure harmonie avec l’environnement. Et bien sûr j’ai immédiatement eu envie de faire un film pour montrer cette richesse et donner la parole aux viticulteurs amateurs et aux militants passionnés qui œuvrent pour la réhabilitation de ces cépages.
Où en est aujourd’hui le film Vitis Prohibitus et quelles sont les différentes possibilités qui s’offrent à nous pour aider à vous faire terminer le film ?
La production du film est passée par différentes étapes. Tout en faisant les repérages et en écrivant le film j’ai commencé à filmer des entretiens et des séquences comme les vendanges, la taille en hiver… J’ai réalisé ce qu’on appelle un teaser, c’est à dire un montage de quelques minutes pour montrer le potentiel du film, tant au niveau du contenu que de la forme, du traitement de l’image. Ce montage m’a permis de rencontrer des producteurs et des diffuseurs potentiels qui pourraient être intéressés.
Au niveau de la diffusion classique en télévision je me suis heurté à des réticences liées à la loi Évin qui interdit la promotion de l’alcool. Avec un tel sujet je fonçais de plein fouet sur cet obstacle et cela rendait le film moins facile à « vendre » à une télévision.
Concernant les producteurs dont c’est le métier de trouver un diffuseur et des financements, cet obstacle était contournable mais demandait une orientation du film dans des directions que je ne souhaitais pas. En effet, chaque producteur rencontré voulait intervenir sur le scénario selon une vision qui n’était pas du tout la mienne. Le film perdait de sa dimension « militante » et j’avais peur qu’il se réduise à un folklore local sur les paysans en déclin qui font leur vin dans leur petite cave. Je suis bien sûr attaché à cette dimension culturelle et historique du sujet mais je tiens à garder la main et maintenir le propos du film sur l’importance de ces cépages pour notre futur, qu’il soit environnemental ou qu’il soit sociétal sur les questions de l’emploi et de l’économie.
J’ai donc décidé de porter le film en autoproduction avec l’association Lumière du Jour qui m’accompagne toujours sur mes projets personnels. Les frais ont jusqu’à présent été pris en charge par l’association et j’investis beaucoup de temps dans le projet.
Malheureusement nous arrivons au bout de nos ressources à une période où les besoins et les frais deviennent de plus en plus lourds (je viens de passer plus de 15 jours en Italie, Autriche et Roumanie pour rencontrer et filmer des associations et paysans locaux autour des cépages interdits). Il reste quelques séquences à tourner en France, et nous aimerions aller filmer en Amérique, le berceau de ces cépages sauvages afin de montrer comment ils sont cultivés et utilisés aujourd’hui puisque que là-bas, comme dans beaucoup d’endroit dans le reste du monde, ils ne sont pas interdits.
Le montage va commencer en avril et c’est un sujet complexe, qui demande du temps pour bien le traiter dans toute ses dimensions. Ensuite viendra le temps des finitions techniques, très importantes, tels que le travail sur la colorimétrie de l’image pour harmoniser toutes les séquences du film, cela demande un grand savoir-faire, et la même chose pour le son : le mixage est un travail minutieux qui doit être réalisé par des oreilles expertes. Un film est toujours un travail d’équipe et ces finitions représentent un coût financier incontournable si l’on veut un beau résultat. Et je crois qu’un aussi beau sujet que celui du vin le mérite vraiment.
Il y a aussi les travaux de traduction des interviews réalisées en anglais, italien, allemand et roumain pour pouvoir les intégrer dans le montage puis également la traduction du film terminé en anglais pour une version internationale afin de renforcer sa vocation militante, mais aussi dans d’autres langues tels que l’Italien et l’Allemand.
Enfin il y a toute la partie liée à l’édition du DVD, la conception, la fabrication etc… et le matériel de promotion : affiches, flyers etc…
L’association Lumière du Jour et moi-même soutenons du mieux que nous pouvons le financement de ces opérations mais nos ressources ne sont malheureusement pas suffisantes pour mener dans de bonnes conditions le projet jusqu’au bout.
L’association Fruits Oubliés Réseau, quant à elle, apporte au film une aide précieuse et considérable en accompagnement sur le contenu, en conseil et en mise en relation avec les personnages incontournables en lien avec le sujet.
L'IGP Vins des Cévennes" est très intéressé par le film et sa thématique qui entre en résonance avec leur mission de valorisation les vins du terroir cévenol. Ils ont proposé leur soutien et je les en remercie chaleureusement.
Lumière du Jour a mis en place une campagne de financement participatif et nous avons plein de cadeaux à offrir aux donateurs pour les remercier : un DVD du film, des revues spéciales sur les cépages interdits éditées par Fruits Oubliés Réseau, des bouteilles de vins interdits, un tire-bouchon gravé « vitis prohibitus », un tablier de sommelier marqué au titre du film, et même un voyage à Venise, pays du Clinto, grâce à nos amis de la « Confraternita del Clinto » qui recevront et chouchouteront les heureux donateurs. Chaque niveau de don cumule les cadeaux des niveaux inférieurs, il y en a pour faire plaisir à tout le monde. Toute aide financière est la bienvenue et il n’y a pas de « petit don », chaque euro compte.
Et pour ceux qui n’ont pas trop les moyens de nous aider financièrement, ils peuvent nous aider d’une autre manière en diffusant l’information autour d’eux, en partageant sur les réseaux sociaux. La campagne se termine fin mars et nous espérons toucher la plus large audience pour faire connaître le projet du plus grand nombre et recevoir des dons.
Quel a été votre parcours avant d’entreprendre l’écriture et réalisation de ce documentaire ?
Je suis passionné d’image et d’audiovisuel depuis mon enfance. J’en ai fait mon métier et depuis 25 ans j’ai pu travailler pour des émissions de télévision régionale et réaliser des documentaires et des reportages et films institutionnels. Mon parcours m’a amené à occuper différents postes dans l’audiovisuel et me permet aujourd’hui de travailler dans une relative autonomie et indépendance : je fais l’image, je fais le montage et réalise la plupart de mes films. J’ai réalisé plusieurs documentaires. Je ne suis pas spécialiste d’un domaine particulier mais à chaque fois c’est l’humain et la société qui vont guider mes envies. Après un film sur des enfants en première année de maternelle, un autre sur les rencontres de voyageurs européens au Niger, un troisième (en co-réalisation) sur une institution spécialisée qui accueille des enfants en situation de handicap, je m’intéresse aujourd’hui à un phénomène historique et sociologique lié à l’arrivée de certains cépages en France puis aux conséquences de leur interdiction.
Dans Vitis Prohibitus, vous dénoncez une législation hostile d'il y a plus de 80 ans qui a presque fait disparaitre les 6 cépages Isabelle, Jacquez, Clinton, Herbemont, Noah et Othello. Pensez-vous que d’autres cépages aujourd’hui - peut-être autochtones - pourraient subir le même sort ?
De mon point de vue, le problème n’est pas une interdiction qui tomberait sur des variétés actuellement en usage mais réellement de faire bouger les listes des cépages « non autorisés » et « interdits » vers la liste des cépages autorisés officielle. Ce sont des processus longs et complexes qui se heurtent à une administration lourde et aux puissances politiques.
Pourriez-vous nous expliquer pourquoi ces cépages ont été d’un côté des destructeurs mais de l’autre des sauveurs ?
Ces cépages et en particulier l’Isabelle, ont été destructeurs car ils ont amené des maladies du continent américain. La première maladie fut l’oïdium. Lorsque les botanistes collectionneurs ont ramené des cépages sauvages de l’Amérique du Nord par bateau, les nouvelles technologies à vapeur ont permis de raccourcir considérablement le temps de la traversée des océans. Si bien qu’après seulement 15 jours de mer, les champignons arrivaient encore vivants sur le sol européen. Pour contrer les ravages de l’oïdium et avant qu’on ne découvre que le souffre pouvait le combattre, on a commencé à créer de nouvelles variétés naturellement biorésistantes en utilisant la génétique des vignes américaines. En effet, ce champignon étant présent depuis très longtemps dans cette région du monde, la sélection naturelle des vignes a généré des plants résistants et au final porteurs sains. Ainsi, en hybridant des vignes sauvages américaines avec des cépages européens on a obtenu des plants résistants, comme par exemple le Jacquez, issu du croisement entre un cépage européen et le Vitis Aestivalis que l’on trouve au bord du Mississipi. Pour lutter contre le phylloxera après de nombreux essais de traitements, aussi coûteux qu'infructueux, la solution pour sauver les vignes européennes fut le greffage sur vigne américaine tolérante. Voilà donc pourquoi ces cépages sont à la fois les causes et les remèdes aux maladies qui ont ravagé les vignobles il y a plus d’un siècle.
Quels sont les intérêts que présentent ces cépages et pourquoi vous battez-vous pour leur réhabilitation ?
Ces cépages interdits, hybrides producteurs directs, ont de multiples vertus.
– ils ont une bonne adaptation à certains terroirs et leurs besoins en traitements sont faibles voire nuls.
– Malgré leur mauvaise réputation et lorsqu’ils sont élevés correctement ils présentent une excellente qualité gustative, avec une forte typicité des raisins. De nombreux produits alimentaires en sont dérivés : jus, sorbets, confitures, et bien sûr les vins.
– Ces cépages « étrangers » ont intégré la culture rurale dans de nombreuses régions d’Europe, et font désormais partie du patrimoine à l’instar du Clinton, emblématique des Cévennes.
L'association Fruits Oubliés Réseau se bat pour la réhabilitation des cépages interdits, d'anciennes variétés de raisin hautement résistantes aux maladies et qui ont été interdites pour des raisons politiques au début du 20è siècle, ils sont une des solutions pour l'avènement d'une viticulture non polluante.
Pourriez-vous nous donner quelques traits caractéristiques de ces cépages oubliés ? (Couleurs, quel climat, acidité, tanins, arômes…) et à quels cépages « connus » pourrait-on dire qu’ils sont proches ?
C’est une question vaste qui mérite à elle seule tout un développement. Question goût les Vitis Labrusca et autres cépages « sauvages » oubliés présentent des goûts atypiques et très marqués. Certains parlent de goût foxé, (fox = renard en anglais). Ce parfum sauvage serait dû aux « mauvaises » techniques de vinification et on sait le maitriser aujourd’hui. Ce qu’il ressort dès qu’on approche le verre du nez, ce sont des arômes fruités très présents : fruits des bois, framboise, cerise…
Pour en savoir davantage sur les caractéristiques de ces cépages, rendez-vous sur la page "Pour la renaissance des cépages interdits" de l'association Fruits oubliés
Qualités œnologiques du Jacquez (Extrait de "Pour la renaissance des Cépages interdits", )
"Son vin est très coloré (rouge sombre) et alcoolisé mais le rendement en jus est faible (1hl pour 150 kg de vendange).
Son goût rappelle beaucoup le cassis avec les arômes de cerise et de tabac. C’était un bon vin de coupage pour sa coloration, son parfum, si bien qu’il fut même choisi pour faire partie des cépages autorisés à
l’élaboration du Châteauneuf-du-pape."
Quelle est l’histoire de Gilbert Bischeri, qui apparait dans le documentaire ? Pourquoi et comment en est-il arrivé à cultiver ces cépages en micro-conservatoire avec une dizaine de plants différents?
Je laisse Gilbert Bischeri répondre à cette question : « Pour ma part, je vinifie une dizaine de variétés issue de ma parcelle conservatoire d'Aujaguet (commune d'Aujac) dans la haute vallée de la Cèze (Gard). Cette pratique se perpétue depuis 4 générations , 1870, jusqu'à nos jours ; mes ancêtres ont vécu cette mutation viticole:les cépages Autochtones (vitis Vinifera ) cultivés en coteaux sans greffage, sans traitements pour des besoins familiaux. Ensuite le désastre du phyloxera a anéanti toute cette diversité à jamais ! même si on a retrouvé de ci , de là des anciennes variétés cultivées dans notre biotope. Notamment Le Chatus en Ardeche qui se développe avec succès....Pour ma part j'ai retrouvé dernièrement un Vitis Vinifera dans la brousse Cévenole , épargné par le méchant puceron ; ce cépage n'a pas été reconnu génétiquement dans la collection référencée à l 'Inra, donc nous l'avons appelé "Noir d'Aujaguet" et Référencé comme tel. »
Pour terminer, une question récurrente sur les interviews de Spiritus Vinum : quel est votre meilleur souvenir de dégustation ? Le pire ?
Mon pire souvenir de dégustation : Je suis assez gêné d’en parler parce que je ne veux pas que ce soit mal interprété mais ça fait partie intégrante d’une des thématiques du film. C’était en Roumanie où j’étais pour filmer il y a quelques semaines, à la rencontre des petits producteurs locaux de vins hybrides. Sous la treille, à quelques jours de Noël, le cochon était dans une mauvaise posture si vous voyez ce que je veux dire… Quelques hommes s’affairaient autour de lui et d’autres étaient réunis autour d’une table. Il y avait des bouteilles de fanta, des verres et on buvait. Lorsque que je pris mon verre de « fanta » j’ai très vite compris qu’il ne s’agissait pas de soda mais bel et bien de vin. Là-bas ils le mettent dans ces bouteilles en plastique sans prendre la peine d’enlever la vielle étiquette. Et honnêtement, ce fut un moment difficile car je n’ai pas du tout aimé ce vin. Il était très clair avec très peu d’alcool, acide, voire aigre et les raisins manquaient visiblement de maturité à la vendange. Mais tout le monde avait l’air de l’apprécier et ils le buvaient comme du petit lait. En réalité j’étais confronté à la culture du goût. Le goût de leur vin ne fait pas partie de ma culture c’est pourquoi je n’ai pas su l’apprécier. Certes ce n’est visiblement pas un grand cru mais pour eux il est tout à fait honorable et ils l’aiment, c’est le leur. Je me demande d’ailleurs s’ils auront apprécié la bouteille de Pic Saint Loup que je leur ai offert en remerciement de leur accueil. Le goût est une affaire de culture et c’est aussi un des thèmes que j’aborderai dans le film.
Merci Monsieur Stephan Balay d’avoir accepté de répondre à nos questions et nous vous souhaitons beaucoup de succès pour le documentaire Vitis Prohibitus !
Site du documentaire
www.vitis-prohibitus.fr
Site de Stephan Balay
www.stephan-balay.fr
Pour faire un don et recevoir des cadeaux !
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Propos publiés sur ce site avec l'aimable autorisation de Monsieur Stephan Balay